Les anciens le savent, vers le mois de janvier, on commence à entendre les mots « dîner des talents » dans la salle des professeurs. Le temps passe, on se dit qu’il faut s’y mettre mais... ce n’est pas la Comédie française ici, messieurs dames, c’est un collège ! Alors, entre une dictée et un cours de physique, on imagine un menu, on rêve de décors, on distribue des rôles. La chorale se réunit et prépare quelques airs pour le grand jour. En avril, les répétitions de théâtre vont bon train dans la cour, certaines petites mains sont déjà en cuisine et anticipent ce qui peut l’être (le congélateur est un outil merveilleux). Puis arrive le mois de mai. Là, on coud, on chante, on dessine, on répète encore.
Et puis... la semaine qui précède le dîner des talents, le Cours devient une espèce de résidence d’artistes conjuguée à une école d’hôtellerie (et un peu à une ZAD aussi, compte tenu du bazar). On épluche des légumes, on dégraisse du canard, on peint des décors... Bref, on fait beaucoup de choses (sauf du travail scolaire). Tout le monde est à la fois épuisé, ravi, stressé et... pressé d’y être.
Ca y est, nous sommes le 24 mai ! Au menu (en plus du canard dont vous êtes déjà informés), «Pièces détachées», un texte écrit par un professeur du Cours qui intègre plusieurs extraits de pièces de théâtre du XVIIe siècle dans un récit des querelles littéraires qui avaient fait les grands titres à l’époque.
Ce soir, Le Cid parade aux côtés d’Andromaque et du Bourgeois gentilhomme. Que du beau monde !
Les 220 convives admirent les comédiens mais aussi les danseuses - qui font des entrechats sur un menuet sautillant, comme à la cour du Roi Soleil - et les chanteurs pour le très à propos air des « Comédiens » d’Aznavour, un flamboyant « Cantate Domino » de Mark Hayes, une revigorante chanson à boire de Lully et un air très solennel de Charpentier.
Quelle émotion de voir, à la fin du spectacle, tous les élèves monter sur scène, bientôt rejoints par une quarantaine d’anciens... Ils applaudissent à tout rompre, sautent et crient de joie, tellement heureux d’être ensemble.
25 mai : chapeau les artistes. Nous sommes fourbus mais c’était beau, c’était bon, c’était convivial. Vos parents étaient fiers. Et vos professeurs aussi !
